Portrait associatif #3 : SOS Villages d'Enfants


Publié le 13 juillet 2021

Environ 300 000 mineurs sont pris en charge par la protection de l’enfance chaque année. Face à ce constat, l’association SOS Villages d’Enfants œuvre depuis 1956 pour offrir un cadre de vie familial et l'assurance d'une relation affective et éducative stable à des enfants placés sur décision de justice. Nous avons rencontré Neyda Radouane, chargée des partenariats, afin de mieux comprendre le fonctionnement d’un village d’enfants SOS.

Quel est l’objectif de l’action de SOS Villages d’Enfants ?

C’est une association de protection de l’enfance. Nous prenons en charge des enfants qui sont séparés de leurs parents sur décision de justice. Ces placements sont décidés lorsqu’il est estimé que l’enfant court un danger immédiat et grave. Une des spécificités de SOS Village d’Enfants est que nous maintenons les fratries ensemble. Au-delà de nos actions nationales, nous menons aussi des actions internationales où nous soutenons de manière opérationnelle et financière des associations SOS Villages d'Enfants en Afrique de l’Ouest, à Madagascar, en Haïti…

Comment fonctionne un village d’enfants SOS ?

Un village d’enfants SOS est une structure d’accueil avec une dizaine de maisons familiales dans lesquelles vivent 4 à 6 enfants. Les fratries sont placées dans les mêmes maisons. Les enfants sont accompagnés au quotidien par une mère SOS, une éducatrice présente 24h/24 et qui s’occupe d’eux comme une mère le ferait. C’est une figure d’attachement pour les enfants qui leur apporte amour, sécurité, stabilité. Comme dit le proverbe, il faut un village pour (aider) élever un enfant ! Comme le dit le proverbe, il faut un village pour élever un enfant !


Il existe aussi une maison commune où travaille toute l’équipe éducative qui vient en renfort à la mère SOS : psychologue, éducateur spécialisé, éducateur scolaire, animateur… Comme dit le proverbe, il faut un village pour aider un enfant ! Nous avons aussi d’autres dispositifs comme les maisons des familles où les parents peuvent rendre visite à leurs enfants ou des espaces de transition pour jeunes à partir de 16 ans afin qu’ils s’habituent à l’autonomie et à vivre seuls.

Qui sont les enfants accueillis dans les dispositifs ?

Nous accueillons des enfants de 0 à 18 ans qui ont généralement des histoires familiales très compliquées : négligences, carences éducatives, violences domestiques ou sexuelles… Nous essayons d’y répondre de manière adaptée avec un suivi individuel de chaque enfant et développons des programmes éducatifs pour favoriser leur épanouissement en villages SOS.

Quels types de programmes sont mis en place ?

Nous voyons l’action éducative au sens large : accompagner l’enfant sur ses points de blocage afin qu’il soit le plus épanoui possible et puisse aller de l’avant pour s’insérer dans la société. Pour cela nous avons mis en place plusieurs programmes éducatifs :
- Le programme Pygmalion qui vise à la réussite scolaire. 70 % des jeunes sortent des dispositifs d’aide à l’enfance sans diplôme et en grande précarité. Certains finissent à la rue. Tout commence à l’école. C’est pour cela que nos éducateurs font la liaison entre tous les acteurs impliqués pour que les enfants aient le meilleur parcours scolaire possible.
- Le programme PEPS « Programme d’Epanouissement par le Sport » qui vise à favoriser l’épanouissement des enfants à travers le sport. Cela peut être fait de manière collective mais aussi individuelle pour les adolescents en grande souffrance.

Quel avantage a apporté le partenariat avec l’Agence du Don en Nature ?

Cela nous permet d’alléger le budget du fonctionnement des villages et de le consacrer à l’action éducative. Nous nous fournissons en produits du quotidien : produits d’hygiène, jeux… Grâce à ce partenariat, nous pouvons apporter des choses dont les enfants ont besoin comme cela a été le cas lors de la crise sanitaire et que l’Agence du Don en Nature nous a fourni 180 tablettes numériques pour pouvoir continuer l’école à distance.

La crise sanitaire a-t-elle eu un impact sur vos actions ?

Elle a surtout eu un impact sur les villages d’enfants SOS lors du premier confinement, notamment car il fallait occuper les enfants durant le temps de l’école. Une mère SOS s’occupe en moyenne de 5 enfants à la fois, notre personnel était donc rapidement fatigué. Et puis il fallait répondre aux besoins informatiques causés par l’école à distance car nous ne pouvions pas permettre à un enfant de décrocher.

Au-delà des besoins fondamentaux (se nourrir, s’habiller, se laver…), à quels autres besoins faut-il répondre pour assurer le bon développement de l’enfant ?

Le soutien aux jeunes est un cheval de bataille de SOS Villages d’Enfants. Au moment où ils quittent les dispositifs à leur majorité, ils perdent le soutien de l’Etat et doivent se débrouiller seuls. ¼ des SDF sont des anciens enfants pris en charge par l’ASE. Il faut donc qu’ils deviennent indépendants financièrement très rapidement car ils n’ont souvent aucun soutien à l’extérieur. Notre priorité est de pouvoir continuer à les accompagner, notamment grâce à notre programme d’aide aux jeunes. Il y a plusieurs axes : un volet éducatif mais aussi la préparation à l’indépendance et à l’autonomie. Nous leur fournissons aussi des aides financières pour la formation, l’hébergement, l’aide à la mobilité…

Quels sont vos projets en cours ?

Plusieurs villages pour enfants vont ouvrir dans les années à venir : 1 en Charente Maritime et 1 dans les Yvelines, 2 dans l’Allier. Et puis nous continuons de porter notre expérience sur le terrain dans nos projets de plaidoyer comme aux assises de la protection de l’enfance en juin.